

Clémence de Lacheze Murel Psychologue clinicienne, praticienne EMDR accréditée
Clémence de Lacheze Murel
Qu'est-ce que l'EMDR ?
Le sigle EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing) se traduit littéralement par «désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires ». L’EMDR est une approche thérapeutique mise au point par Francine Shapiro, psychologue américaine, en 1987 et diffusée en France par le Dr David Servan-Schreiber en 2002.
Francine Shapiro
David
Servan-Schreiber
la méthode EMDR
L’EMDR s’adresse à toute personne souffrant de perturbations émotionnelles généralement liées à des traumatismes psychiques.
Il peut s’agir de traumatismes « évidents » avec un grand «T» (violences physiques et psychologiques, abus sexuels, accidents graves, décès, maladies graves, guerres, attentats...).
Mais il peut s’agir aussi de traumatismes avec un petit «t», qui peuvent être la source de comportements inadaptés ou excessifs (enfance perturbée, séparations, fausses couches et IVG, deuils, difficultés professionnelles...).
Ces perturbations émotionnelles peuvent s’exprimer par de l’irritabilité, de l’angoisse, des cauchemars, des phobies et de l’évitement, des somatisations, de la dépression et des troubles de l’humeur...
Ces perturbations apparaissent quand notre cerveau est dépassé par un choc traumatique et qu’il n’arrive pas à «digérer» les informations. Le cerveau reste bloqué sur ces évènements et ces informations non traitées deviennent source des perturbations.
La Thérapie permet de débloquer les mécanismes de traitement de l’information, et le trauma peut être retraité, même de nombreuses années après.

EMDR - Une efficacité reconnue
L’EMDR est une méthode psychothérapeutique dont l'efficacité a été scientifiquement prouvée depuis 1989 par de nombreuses études contrôlées. Elle est la seule, avec les thérapies comportementales et cognitives, dont l’usage est officiellement recommandé pour le traitement des traumatismes psychiques par :
(en France)
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la Haute Autorité de la Santé (HAS) qui intervient dans la validation des soins médicaux, depuis juin 2007.
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l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui recommande l'utilisation de la Thérapie EMDR dans les états post-Traumatiques, depuis 2012.
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l'Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) sur les psychothérapies, depuis 2004.
(aux Etats-Unis)
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un rapport plus récent encore de la très prestigieuse American Association of Psychiatry (AAP) dont l'influence s'étend au monde entier.
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l’American Psychologist Association (1998)
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l’International Society for Traumatic Stress Studies (2000)
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le Department of Veterans Affairs and Department of Defense (2004 )
(au Royaume-Uni)
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le Department of Health (2001)
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le National Institute for Health and Clinical Excellence (2005)
(en Irlande)
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le Northern Ireland Department of Health (2003)
(en Israël)
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le National Council of Mental Health (2002)
Une approche intégrative
La thérapie EMDR s’apparente par plusieurs aspects à diverses approches plus traditionnelles de psychothérapie.
Nous allons essayer de souligner rapidement quelques points communs entre l’EMDR et ces diverses méthodes :
1 • Comme la psychanalyse, l’EMDR favorise les associations libres et réveille de nombreux souvenirs, enfouis dans le préconscient ou l’inconscient. Le patient est invité à évoquer ces associations « dans le désordre », telles qu’elles émergent à son esprit. En revanche, elles ne font l’objet d’aucune interprétation, en référence à aucune théorie préétablie. On constate avec surprise que le processus associatif est considérablement « boosté ». L’importance des traumatismes sexuels – infantiles ou plus récents – est évidente. Les mécanismes transférentiels sont à l’œuvre dans l’alliance thérapeutique.
2 • Comme dans les psychothérapies à médiation corporelle, l’émotion est d’emblée présente, de même que l’attention à la respiration, le « scanner » du corps, les sensations d’oppression, d’étouffement, ainsi que diverses somatisations. Le thérapeute lui-même mobilise son corps et ne se contente pas d’échanges verbaux, ponctués de silences. La proximité physique des deux partenaires (selon le « setting » conseillé) permet un échange inconscient de phéromones, via l’OVN (organe vomer-nasal, directement relié aux zones limbiques inconscientes), favorisant l’instauration d’une empathie.
3 • Comme la Gestalt-thérapie, l’EMDR encourage l’expression des émotions et le revécu du trauma (y compris dans ses connotations corporelles), mais cela dans le cadre sécurisant d’une alliance thérapeutique chaleureuse, induite par l’empathie du thérapeute. Elle tend souvent à clore les « Gestalts inachevées » de la vie passée du client. Elle exploite les « polarités » de ses choix – délibérés ou inconscients – polarités opposées, ou plutôt complémentaires, telles que besoin concomitant de sécurité et d’indépendance, de tendresse et d’assertivité, image négative de soi (« cognition négative ») et image idéalisée que le sujet désire atteindre (« cognition positive »). Elle combine l’intérêt aux phénomènes internes (représentations imaginaires intrapsychiques) et aux relations avec le monde externe (communication inter-psychique), à travers la « frontière-contact » entre l’organisme et son environnement, dans « l’ici et maintenant ». Elle procède régulièrement à des estimations du ressenti corporel (« bodyscan »). Comme en Psychodrame, certaines séquences peuvent être remises en scène au cours de la séance, accompagnées d’éventuelles catharsis émotionnelles, et pas toujours simplement évoquées verbalement.
4 • Comme l’hypnothérapie, l’EMDR entraîne un état de conscience modifiée, et exploite la « dissociation » mentale entre divers niveaux de perception de la réalité. Ces deux méthodes permettent au patient d’entrer en contact avec son monde intérieur encore inconnu. Tout comme en hypnose ericksonienne, on considère que chaque individu possède en lui-même les ressources nécessaires à son évolution, à sa transformation, que la « cicatrisation » spontanée des blessures psychiques est un phénomène naturel.
5 • Comme en thérapie familiale systémique, on s’intéresse à la situation d’ensemble, au système de communication et d’information, aux relations inter-psychiques et pas seulement aux phénomènes intrapsychiques individuels.
6 • Comme les TCC, l’EMDR implique des procédures précises et une évaluation périodique chiffrée du vécu intérieur subjectif : estimation personnelle de l’intensité du désarroi (SUD, ou Subjective Units of Disturbance) et validité des convictions positives du sujet (VOC, ou Validity of Cognition). Elle propose une alternance entre une « exposition » ou immersion mentale dans la problématique, et une désensibilisation progressive (Joseph Wolpe, 1915-1997).
7 • Comme dans l’approche centrée sur le client de Carl Rogers, le psychothérapeute s’abstient de toute interprétation et de toute directive sur le contenu, laissant l’entière initiative à son client, dans une « acceptation inconditionnelle » de tout « ce qui vient dans la tête » du client, et cela dans un climat d’empathie explicite.
8 • Comme en PNL thérapeutique (PNLt), l’attention du thérapeute se porte sur le traitement de l’information ; lorsque le souvenir est une image, on essaye de la modifier par « zooming » avant ou arrière, et de modifier sa clarté ; on focalise sur les sensations corporelles ; sur les ressources et croyances positives ; on surveille le mouvement des yeux ; on a recours à des « recadrages » et « ancrages »…
9 • Comme en Analyse Transactionnelle, l’EMDR travaille avec les divers « états du moi » (Parent, Adulte, Enfant), permettant de transformer les « scénarios de vie » enregistrés dès l’enfance par des « redécisions ».
10 • Comme en Sexothérapie, les thèmes d’abus sexuels, récents ou anciens, réels ou craints, agis ou simplement verbalisés (humiliations et injures) émergent régulièrement.
Ainsi, le protocole EMDR et ses techniques spécifiques de retraitement de l’information s’insèrent fort bien dans diverses autres approches – auxquelles elles ajoutent une dimension neurophysiologique – non encore entièrement élucidée.
Rappelons que l’EMDR n’est enseignée qu’à des professionnels déjà thérapeutes par ailleurs, et il n’est donc pas surprenant que la plupart des praticiens combinent leur méthode de référence habituelle avec les techniques originales de l’EMDR – qui les potentialisent d’une manière parfois spectaculaire.
Mise en garde
L’association européenne « EMDR Europe », s’exprime dans chaque pays par une seule association EMDR nationale. En France il s’agit uniquement de l’Association EMDR France. Afin de dispenser gratuitement des formations de spécialistes de haut niveau aux pays pauvres ou en voie de développement, un organisme humanitaire a été voulu par Francine Shapiro : HAP (Humanitarian Assistances Programs) ; en France il s’agit de l’association HAP France.
Il n’y a actuellement en France qu’une seule façon d’obtenir et de conserver le titre officiel de praticien EMDR Europe : être formé par des formateurs accrédités EMDR Europe et recevoir son accréditation (habilitation de pratique basée sur les compétences) par l’Association EMDR France.
Comme toute thérapie puissante, l’EMDR doit être manié avec précaution par des spécialistes formés, évalués et supervisés. C’est pourquoi l’Association EMDR France exige tout d’abord des pré-requis, avant d’accepter en formation des candidats , puis ensuite vérifie la légitimité de chaque accréditation.
L’utilisation des termes "EMDR" ou "EMDR France" n’indique en aucun cas une affiliation avec l’Association EMDR France. Ces termes peuvent être utilisés en tant que nom de domaine comme par exemple :
"www.emdr-dupont.fr" ou en tant qu’adresse email comme par exemple:dupont@emdr-france.fr.
Ces termes peuvent être utilisés dans le but de créer une confusion dans l’esprit du public quant à une possible affiliation avec l’Association EMDR France. Du fait de l’absence de contrôle juridique de l’utilisation du terme "EMDR", nous vous invitons à vérifier auprès de l’Association EMDR France si le responsable d’une formation proposée ou le thérapeute que vous choisissez est un membre effectif de cette association. soit en consultant l’annuaire de l’Association EMDR France soit en téléphonant à l’association.